Poêles de masse, la chaleur douce

Très répandus dans les pays du Nord, beaucoup moins chez nous, les poêles de masse ont pourtant toutes les qualités pour faire un excellent chauffage principal, à la fois économique et écologique.

© Debriel
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En Alsace, en Allemagne, en Scandinavie et en Russie, où les températures ne montent jamais très haut, le poêle de masse – également appelé « à accumulation » ou « à inertie » – fait partie de la culture et de l’habitat traditionnel.

Il fonctionne de façon tout à fait différente de celle d’un poêle à bois en métal. Dans le foyer, le bois brûle à haute température pendant un temps très court (une heure ou deux). Les fumées brûlantes ne montent pas tout de suite dans le conduit d’évacuation mais cheminent dans une lourde masse en matériau réfractaire (briques, béton réfractaire, stéatite – une roche volcanique -, terre crue), à travers des canaux sinueux.

La chaleur des fumées est ainsi récupérée à 80 % par la masse du poêle avant d’être restituée dans la pièce de façon progressive, pendant une longue durée, couramment de 12 à 24 heures après l’extinction du feu.
Avec les poêles à accumulation, la chaleur se propage doucement de la masse du poêle aux murs et objets placés autour, par rayonnement.

Moins de bûches

© F. Claveau

Un tel fonctionnement est beaucoup plus performant que celui du poêle à bois classique : l’appareil utilise moitié moins de bûches et ne nécessite qu’un à deux chargements par jour. Mieux : non seulement il consomme peu mais il permet de tirer le maximum d’énergie du bois – ceci grâce à sa double chambre de combustion desservie par une ou deux arrivées d’air secondaire – et donc d’obtenir une combustion très complète.

Les rendements des appareils sont très élevés, souvent 80 % et jusqu’à plus de 90 % ! Bilan: très peu de goudrons (une vitre et une cheminée plus propres), une production de cendres cinq fois moins importante qu’avec un poêle ordinaire et des émissions de monoxyde de carbone et de particules fines insignifiantes.

Choisir le bon modèle

On distingue deux familles de poêles de masse :

  • Les poêles artisanaux : maçonnés dans la pièce, le long d’un mur ou en position centrale, pour une meilleure diffusion de la chaleur, beaucoup d’entre eux sont de taille imposante. Ce sont les plus efficaces pour chauffer de grandes maisons et les plus conviviaux aussi : ils peuvent comporter des bancs, une niche chaude, un four à pain ou une réserve de bois… Conçus par des entreprises artisanales hexagonales, ils coûtent entre 8 000 et 15 000 euros, hors pose. Ils peuvent aussi être réalisés en autoconstruction pour un coût moindre (à partir de 5 000 euros) à l’aide de kits.
  • Les poêles prêts à poser : d’apparence plus commune, ces « poêles-cheminée » peuvent chauffer de petits logements, jusqu’à 120 m². Ils coûtent entre 5 000 et 10 000 euros. Ils sont dotés d’un foyer à double combustion avec un système de circulation des fumées à contre-courant. La plupart possèdent une arrivée d’air extérieure et certains ont une régulation automatique et sont donc compatibles BBC. Il existe quelques modèles bi-énergie fonctionnant aussi bien avec des bûches qu’avec des granulés.

À ces deux familles s’en ajoute une troisième, celle des poêles dits « à inertie ». Ces poêles en fonte comportent quelques éléments en matériau réfractaire dans le foyer et l’habillage extérieur. Ils chauffent à la fois par convection et par rayonnement, ce qui n’en fait pas pour autant des poêles de masse (« à restitution lente de chaleur », selon la norme européenne EN 15-250).

Pierre Barbezat

Quelques contraintes…

Ces poêles sont longs à mettre en route: la masse de pierre à chauffer est souvent considérable (800 kg au minimum et souvent de 1 à 2 tonnes !) et plus le poêle est grand, plus il est long à chauffer… Cela se chiffre vite en heures d’attente, voire davantage pour chauffer toute une maison. Pour chauffer toutes les pièces, étage compris, il est impératif d’installer l’appareil au centre de la maison. Une condition pas toujours facile à remplir dans les logements anciens.

Dans tous les cas, la qualité de l’isolation demeure l’enjeu capital. Dans les maisons anciennes, à courants d’air, ce type de chauffage peut devenir coûteux. Avant de se lancer dans un tel projet, il faut d’abord faire réaliser un bilan thermique, afin de vérifier si les murs, la toiture et les menuiseries peuvent jouer efficacement leur rôle de barrière thermique.

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Auteur de l’article : Nanabio