Le rêve d’un rallye autour du monde 100 % écolo

Le Néerlandais Frank Manders, passionné de courses automobiles, organise un rallye autour du monde en moins de 80 jours réservé aux véhicules non-polluants. Une performance afin de populariser les moyens de transports écolos.

Le tour du monde en moins de 80 jours. Au XXIe siècle, ce n’est plus vraiment une prouesse. Sauf lorsqu’il s’agit de le réaliser à bord d’un véhicule non-polluant. C’est le pari de Frank Manders, un néerlandais qui a décidé d’organiser le premier rallye autour du monde pour voitures “sans moteur à combustion”. Il s’est rendu au salon des technologies à impact social Change Now, qui s’est déroulé à Paris les vendredi 29 et samedi 30 septembre, pour faire la promotion de son projet de rallye écolo.

Les Tesla et autres voitures électriques sont donc les bienvenues à cette course d’un nouveau genre. Mais Frank Manders compte aussi sur les véhicules à hydrogène ou encore à énergie solaire. “L’idée est de montrer toutes les alternatives qui existent, car peu de gens sont au courant”, assure-t-il.

Moteur à huile de cuisson

Il n’est pas venu à Paris par hasard pour vanter les mérites de sa compétition. La capitale française  lui a donné le feu vert, en 2015, pour devenir le point de départ et d’arrivée de sa course. Frank Manders espère que celle-ci pourra débuter en avril 2019. Il a déjà une idée générale du parcours. Les concurrents quitteront Paris pour rejoindre Astana, la capitale du Kazakhstan. Ensuite, ils devront passer par la Chine puis embarquer sur un bateau pour rejoindre le Canada. De là, les pilotes traverseront le continent américain avant de retourner en Europe.

Cet amoureux des courses de voitures en est encore à identifier ou discuter avec les éventuelles villes candidates. Mais il n’est pas pressé. Il a commencé à plancher sur son projet il y a sept ans. « Auparavant, nous organisions avec ma femme des courses de charité entre Rotterdam et Rome en voitures qui roulaient à l’huile de cuisson. Elles commençaient à attirer beaucoup de monde et demandaient trop d’efforts pour un simple passe-temps. Nous avons alors arrêté et c’est là qu’on a réfléchi à un projet plus ambitieux comme un tour du monde en véhicules propres”, raconte Frank Manders.

Ce n’était au début qu’une idée folle. Surtout qu’à l’époque, les véhicules électriques n’en étaient encore qu’à leurs balbutiements. Tesla avait à peine deux ans et tout le monde roulait confortablement dans des voitures à essence. Mais Frank Manders s’y accroche, développe un modèle économique pour sa course et, en 2013, décide d’abandonner son travail de consultant bien payé dans un domaine sans rapport avec l’environnement. « J’avais bien gagné ma vie et pu mettre de l’argent de côté et je me suis dit qu’il était temps de se lancer à 100 % », affirme-t-il.

Défi logistique

Au fil des années, il parvient à recruter une vingtaine de personnalités – dont Bertrand Piccard, le pilote de l’avion solaire Solar Impulse, et l’ex-patron du Paris Dakar Hubert Auriol – pour en faire les ambassadeurs de son projet. Avec son équipe, ils sont convaincus de l’objectif mais conscients des défis à relever.

Les véhicules « verts » ne brillent, en effet, pas par leur autonomie. Les voitures électriques les plus performantes peuvent parcourir, au mieux, 800 à 1 000 km avant de devoir être rechargées. Si les pompes à essence sont légion, les relais électriques se font beaucoup plus rares. « Il y a bien sûr moins de bornes électriques dans le désert de Gobi », reconnaît Frank Manders.

Avant d’être un challenge sportif, son tour du monde en 80 jours est un défi logistique. « Nous travaillons actuellement sur le problème des infrastructures », souligne-t-il. Il évoque, notamment, la possibilité pour les concurrents d’emporter des piles électriques mobiles. L’obstacle ne lui semble en tout cas pas insurmontable. Après tout, le Suisse Louis Palmer a déjà réussi, entre 2010 et 2011, à faire un tour du monde en voiture électrique… en branchant son véhicule au réseau électrique d’immeubles et de maisons. « Il est vrai que la charge dure alors très longtemps (entre 12 et 24h) », reconnaît Frank Manders.

La première édition de son rallye ne sera, en outre, pas 100 % verte. Les véhicules de soutien logistique rouleront à l’essence et les traversées en bateau seront également polluantes. Mais l’organisateur espère réduire progressivement l’empreinte carbone d’une année à l’autre.

Avancées technologiques

Pour devenir pérenne, il faut que son premier tour du monde soit un succès. Il est confiant : alors que les inscriptions ne sont pas encore ouvertes, une cinquantaine d’équipes se sont montrées intéressées. « Toutes ne vont pas s’inscrire », assure Frank Manders. L’un des principaux obstacles : le ticket d’entrée. Il ne veut pas donner le prix à payer pour participer mais reconnaît qu’il sera élevé. « Il inclut l’organisation de la course, les chambres d’hôtels dans les villes étapes, les transports », explique-t-il.

Mais pour lui, cela vaut le coup. « De telles compétitions sont aussi des occasions de faire des avancées technologiques dans le domaine de l’automobile ‘verte' », assure-t-il. Et puis « les courses de voitures à essence ne font plus rêver les jeunes générations », croit-il savoir. Prise de conscience des enjeux environnementaux et coût de plus en plus élevé de l’essence pousseraient les jeunes vers les véhicules non-polluants. Pour lui, la prochaine aventure du Paris-Dakar sera écolo ou ne sera pas.

Source : http://www.france24.com/

Auteur de l’article : Nanabio