L’aquaponie : l’alternative qui permet de cultiver des légumes en utilisant 10 fois moins d’eau

L’aquaponie – à ne pas confondre avec l’aqua-poney (ce sont des poneys dans l’eau et ça n’a rien à voir) – est une technique de culture en symbiose permettant d’utiliser 90% d’eau en moins que dans une culture traditionnelle (70% de la consommation mondiale en eau est dédiée à l’irrigation), d’éviter l’utilisation d’engrais polluants qui sont la principale source de pollution des eaux souterraines, et de résoudre le problème de la surpêche.

Symbiose entre des plantes et des poissons : tout un écosystème

Le principe est simple : associer agriculture et pisciculture, l’un des éléments de l’écosystème potentialisant le développement de l’autre et vice versa. C’est ce que l’on appelle une relation de symbiose, comme il en existe de nombreuses dans la nature.

Pour faire simple, il s’agit de cultiver des légumes au dessus de bassins dans lesquels vivent des poissons dont les déjections servent d’engrais pour l’arrosage. L’eau utilisée pour l’irrigation est directement pompée dans le fond du bassin, riche en ammoniaque, qui est transformé en nitrites par des bactéries. Cette eau est donc très riche en nutriments qui sont assimilés par les plantes pour se développer, et elle est ensuite rejetée directement dans le bassin. Les bacs dans lesquels poussent les plantes jouent un rôle de filtre et l’eau qui ressort est purifiée. Un petit schéma pourrait clarifier les choses si ce n’est pas le cas.

Crédits : aquaponie-pratique.com

Mais nous n’avons rien inventé : cette technique était déjà utilisée par les Aztèques avec le système des chinampas, et il y a 1700 ans, par les Chinois qui ont couplé la culture du riz et la pisciculture.

Et pour les végétariens, rien n’oblige à consommer les poissons élevés en aquaponie !

ML Aquaponics Inc., précurseur québécois

Biologiste spécialiste des poissons, Marc Laberge a récolté sa première laitue cultivée en aquaponie au printemps 2005. Fort d’une expérience de plus de 26 ans, il produit dans sa ferme aquaponique de la laitue Boston et des truites arc-en-ciel. Consultant aquatique depuis 1991, il a travaillé au Centre national de référence en parasitologie de l’université McGill, et a étudié son sujet sur le terrain, au Québec comme en Chine.

Souriant, il pose dans sa serre devant de nombreuses rangées de laitues, situées au-dessus d’un bassin dont le contrôle de la qualité de l’eau a mis 10 ans à être établi dans son laboratoire. Ses laitues comme ses truites sont biologiques, fonctionnent en écosystème fermé, et depuis leur commercialisation en juin 2005, plus de 3,8 millions de tonnes de laitues ont été produites. Un combo réussi de compétitivité et de respect de l’environnement. Un bel espoir pour réduire la consommation en eau de notre agriculture.

L’aquaculture : une autre solution face à la crise alimentaire ?

L’aquaculture ici, c’est seulement de la pisciculture faite en milieu marin, donc pas de légumes à la clé : l’eau salée ne leur plait pas beaucoup… C’est une solution moins intéressante mais qui pourrait répondre à la pression mise sur les ressources halieutiques de la planète. Une solution critiquable sur de nombreux points et pas tellement adaptée aux végétariens par ailleurs, mais qui a l’avantage de répondre efficacement à la demande alimentaire mondiale.

Une étude intitulée « Mapping the global potentiel for marine agriculture » (Rapport sur les potentialités globales de l’aquaculture) a été menée par un consortium sino-américain de 7 chercheurs de l’Université de Californie, du Nature Conservancy de Beijing, du Pacific Islands Fisheries Science Center aux Etats-Unis, et de l’Imperial College de Londres. Parue en août dans Nature Ecology & Evolution, cette étude estime que l’aquaculture pourrait permettre de répondre aux besoins alimentaires d’une population mondiale qui dépasserait 11 milliards en 2100.

Il est donc expliqué dans cette étude que la part de poissons sauvages aujourd’hui pêchés (91,6 millions de tonnes en 2012 selon la FAO) pourrait être produite entièrement sur une zone d’aquaculture de la taille du lac Michigan, soit sur 58 000km2. Et selon eux, 11,4 millions de km2 d’océans pourraient potentiellement être dédiés à l’aquaculture, ce qui soulagerait un peu la faune marine surexploitée. Toutefois, pour éviter de devoir aller aussi loin, on peut aussi surveiller sa propre consommation de poisson : nous en consommons 2 fois plus qu’en 1995, soit environ 17 kg par an et par habitant !

Inutile de développer ici l’impact de la surpêche sur les écosystèmes marins, autant vous dire simplement que selon des chercheurs de l’Université allemande de Kiel, parmi les espèces pêchées seules 3 espèces de poissons sur 54 ont une taille suffisante pour maintenir stable leur population : un bilan extrêmement alarmant sur lequel il conviendrait de se pencher !

On peut saluer l’honnêteté intellectuelle des chercheurs qui ont contribué à l’étude « Mapping the global potential for marine agriculture » : ils avouent que l’impact réel sur les écosystèmes marins n’est pas encore connu et qu’il conviendrait de faire des recherches plus profondes sur ce point avant de mettre en place quoi que ce soit. Même si cette solution impliquerait finalement une petite portion des océans et contribuerait à répondre au défi alimentaire de la planète.

Source :https://lareleveetlapeste.fr/

Auteur de l’article : Nanabio